SEGOLENE ET LE NUCLEAIRE
Mercredi soir 2 mai lors de son face à face avec Nicolas Sarkozy, Ségolène a parlé de l’énergie nucléaire en France.
Certes elle a commis un « impair » : elle a affirmé que chez nous l’énergie nucléaire représentait 17 % de l’énergie électrique, alors que le pourcentage réel est de 78 %. Elle a confondu avec un autre pourcentage : l’énergie nucléaire représente 17 % de la totalité de l’énergie. Nicolas Sarkozy, lui, s’est aussi trompé : il pensait qu’il s’agissait de 50 %.
Le lendemain, Ségolène Royal, interrogée par France Inter, a rétabli les vrais chiffres et a expliqué avoir fait un lapsus. L’auditeur bienveillant acceptera le terme de lapsus ; l’expert objectif préfèrera parler d’erreur.
Ces chiffres étant dits, l’essentiel est ailleurs : dans le débat sur la « troisième génération ». Nicolas Sarkozy s’est enferré en affirmant que l’EPR est un nouveau type de réacteur, de quatrième génération. Ségolène Royal savait, elle, la différence, et l’a fait savoir. L’EPR, réacteur de troisième génération, est un modèle à peine modifié de l’actuelle deuxième génération, celle des 58 réacteurs actuels français (et ailleurs aussi dans le monde). L’EPR n’existe qu’en un seul exemplaire, celui qui est en train d’être construit en Finlande par AREVA., et encore, avec beaucoup de retards, de surcoûts et d’incertitudes. La France s’apprête à en construire un autre, à Flamanville : le gouvernement actuel a signé le décret en avril 2007, juste avant les élections.
La quatrième génération, ce sont des réacteurs, qui n’existent encore que sur le papier, et dont un premier prototype, expérimental, verra peut-être le jour en 2050. L’intérêt de ce réacteur, s’il existe un jour, c’est qu’il consommera tout l’uranium qu’on lui donnera, alors que les réacteurs actuels, et l’EPR n’en consomment que 1% (et donc rejettent 99% dans les déchets , radioactifs pour des millions d’années).Cela, Ségolène Royal le sait, elle l’a dit, et elle stoppera la construction de l’EPR, coûteuse et inefficace.
Une fois de plus, comme par exemple sur le nucléaire iranien, Ségolène a montré sa connaissance des dossiers, et sa capacité à avoir une vision claire et réaliste du futur scénario énergétique de la France.