« Pour une VIe République »

Publié le par renover.maintenant 21

Arnaud Montebourg appelle le PS à inclure le changement de Constitution dans son projet 2007.

 

© L'Est Républicain  - 06/04/2006

- Y-a-t-il selon vous une crise de régime ?

 

- Oui, la crise sociale s'est transportée sur le terrain politique et institutionnel. C'est la confrontation du peuple souverain avec une aristocratie gouvernante qui utilise les artifices autoritaires du système pour gouverner alors qu'elle n'a plus de soutien dans le pays. Cela crée les conditions délétères d'une situation quasi révolutionnaire.

- Est-ce pour autant la faute des institutions ?

- Les hommes ont peu de poids pour changer la force du système, qui repose sur des bases monarchiques, quelles que soient les alternances. Les pratiques ne sont pas de droite ou de gauche, elles ne sont pas induites par tel ou tel parti, elles sont induites par la violence inscrite dans la génétique du système politique français actuel qu'est la Ve République.

- En quoi la VIe République que vous proposez peut-elle être un remède ?

- Nous sommes nombreux à préconiser la VIe République : il y a tous les partis de gauche sauf le PS, mais au sein duquel je représente 20 %, il y a l'UDF, à droite. La question qui se pose, au delà des institutions, est celle de la démocratie, aussi importante que l'air qu'on respire. Les citoyens ont le sentiment qu'il n'y a plus de règles, qu'elles sont piétinées et qu'il n'y a plus que des rapports de force. D'où le sentiment de malaise et d'écoeurement. La VIe République doit être un régime équilibré avec un exécutif fort, répondant de ses actes et responsable devant le Parlement. Ce n'est pas le retour à la IVe. C'est au contraire un régime primo-ministériel, comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne, avec un Premier ministre qui a tous les pouvoirs.

- N'était-ce pas le cas avec Dominique de Villepin ?

- Non, car il n'y a pas de contre pouvoir dans le système français. On ne peut pas gouverner contre un pays. Il ne peut pas y avoir dans un Etat de droit, dans un régime démocratique, de pouvoir sans qu'il y ait de contre pouvoir. Nous proposons la restauration d'un contre pouvoir avec un Parlement disposant de moyens d'actions sur le gouvernement, capable de le contrôler, en mesure aussi de pouvoir résister au viol permanent que constituent les ordonnances, le 49.3, les votes bloqués. Aujourd'hui, soit le Parlement renverse le gouvernement, soit il est contraint de tout accepter. Il n'y a pas de mesures intermédiaires. Il n'est pas possible par exemple d'interpeller un ministre, et de provoquer sa chute. Il est surtout nécessaire dans notre pays de construire un lieu de discussion pour établir des compromis sociaux, politiques qui n'existent plus aujourd'hui : c'est le Parlement.

« Reconstruire la confiance »  

- Le moment est-il venu, comme le dit François Bayrou, de passer à la VIe République ?

- C'est à l'occasion des élections présidentielle et législatives qu'il faut ouvrir le débat. Je lance donc un appel au Parti socialiste, mon parti, pour qu'il propose dans son projet 2007 le passage à la VIe République. Afin de reconstruire la confiance aujourd'hui perdue.

- Hervé Morin de l'UDF appelle carrément à la démission de Jacques Chirac...

- Si on commence à vouloir la démission de tout le monde, il n'y aura bientôt plus personne. Villepin aussi, Borloo et Larcher qui viennent de violer la Constitution en recommandant de ne pas exécuter la loi... Le problème n'est pas d'accentuer la crise mais de se relever de la crise en donnant des perspectives constructives pour tous les Français.

Propos recueillis par Michel VAGNER

Publié dans ACTUALITES

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